Ça bouge et c’est tant mieux, nous dira-t-on au
Centre de recherche en astronomie, astrophysique
et géophysique (Craag). Le 5 mars, on
enregistrait une secousse tellurique de magnitude
3 sur l’échelle de richter a été enregistrée à 11 km
de Kherrata, et une autre de 2,7 de magnitude à 7
km de Jijel, le 6 mars. Le 27 février, c’est Boumerdès
qui a tremblé à 2,8 une première fois, puis à 2,4, une
seconde fois. La Mitidja n’est pas en reste, puisqu’en
février, on a enregistré une secousse d’une magnitude
de 2,6 à Blida. Qu’on se rassure, nous sommes
loin de la faille qui a fait trembler Haïti et le Chili ces
dernières semaines sans que l’on puisse préjuger de ce que nous réserve notre faille à nous. Coincée entre la plaque eurasiatique et la plaque africaine,
«l’Algérie est constamment en mouvement. Sur tout
le territoire, on enregistre une moyenne de 60 secousses
par mois. Et combien en a-t-on ressenties?».
«II faut savoir que cela ne dépend pas toujours de
la magnitude, même si on peut dire qu’à partir de
3,5, tout le monde ressent la secousse. En dessous,
cela dépend si elle a lieu en plein jour ou durant la
nuit, de la profondeur, de sa direction, de son sens...
La nature du sol compte également beaucoup, selon
qu’il soit rocheux, sableux ou argileux. Autant d’indicateurs
qui permettent de nuancer la sensation
et l’impact d’une secousse tellurique», explique Sid
Ali Haned, chef de service de la surveillance sismologique
du Craag Les tremblements de terre qui ont
touché Haïti et le Chili ont-ils libéré suffisamment
d’énergie pour qu’en Algérie, nous soyions tranquilles
durant quelque temps ?
Peut-on craindre de fortes secousses à
l’avenir ?
Non. Les plaques mises en cause pour les tragédies
qui ont touché Haïti et le Chili sont indépendantes
des plaques qui touchent l’Algérie. En somme, il
peut se produire plusieurs gros séismes dans une
même période à des endroits éloignés de la Terre.
Ce qui peut sauver l’Algérie d’une grosse secousse,
c’est justement toutes les petites secousses qui se
produisent lors de chocs entre les plaques eurasiatique
et africaine. Et, réjouissons-nous, justement,
il y en a plein. Si l’on ne peut pas prévoir une secousse,
on peut du moins reconnaître les zones à
risque en fonction du nombre de secousses enregistrées.
Ce calcul et ces observations sont d’ailleurs
continuellement retransmis au ministère de l’intérieur,
la protection civile et le Cenac chargé desrisques majeurs. Des informations qui permettent
de déterminer les zones constructibles des zones à
haut risque, et donc, non constructibles. M. Haned
remarquera cependant qu’il est toujours possible
de bâtir sur une zone à forte potentialité sismique,
mais cela coûte plus cher. Et puis, des leçons ont été
tirées suite aux séismes qui ont touché l’Algérie. Les
gens s’intéressent davantage au risque sismique.
L’accès à l’information étant facilité par des sites
internet de vulgarisation et le paramètre sismique
est pris en compte dans de nombreuses Projets. Des
recherches s’articulent autour de ce phénomène
naturel, qui fait d’ailleurs l’objet d’une importante
base de données.
C’est le risque tsunami qui fait aujourd’hui
son apparition...
Nous avons un risque tsunami, mais il ne présente
pas un grand danger. La Méditerranée est fermée
et n’offre pas le loisir à la vague de ramener beaucoup
de houle pouvant créer un vrai mur lors d’une
secousse en mer. Cependant, il est question de se
doter prochainement d’un matériel de surveillance
de la houle qui donnera des indications sur les mouvements
marins. Lors du séisme de Boumerdès en
mai 2003, un tsunami, dont les vagues n’étaient pas
très hautes, avait été remarqué... sur les îles Baléares.
Ce qui avait épargné les côtes algériennes,
déjà durement éprouvées par le tremblement de
terre. Mais, sommes-nous à l’abri d’un tsunami si
un séisme frappait le sud de l’Italie ?