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amenagement du territoire

Le modèle des villes sud-coréennes intéresse l'Algérie

Publié le par Le temps d'Algérie

Le modèle des villes sud-coréennes intéresse l'Algérie

Pour la réalisation de nouveaux pôles urbains, l'Algérie affiche sa volonté de prendre comme référence le modèle sud-coréen en la matière ; c'est ce qu'a déclaré, avant-hier à Séoul, le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, Amara Benyounès lors d'entretiens avec son homologue sud-coréen, Sun Seong Huan.

L'Algérie a mis à la disposition des entreprises nationales et étrangères tous les moyens afin de réaliser des villes nouvelles dans le respect des normes modernes et en tenant compte des spécificités du pays. L'investissement de l'Algérie dans le domaine du bâtiment vise également l'amélioration de son paysage urbanistique qui a été négligé pendant plus de deux décennies. Lors de cet entretien, le ministre a affirmé que l'expérience sud-coréenne dans le domaine intéresse fortement l'Algérie.

M. Benyounès a effectué une visite dans la ville nouvelle de Wyrie où il a pris connaissance des nouvelles technologies utilisées dans le domaine et au cours de laquelle une présentation lui a été faite sur les techniques et les normes internationales utilisées dans la réalisation des villes nouvelles. Le ministre a été également reçu par le vice-ministre des Affaires étrangères, Chun Yung-Woo.

Les deux responsables ont abordé les relations bilatérales entre les deux pays. L'investissement dans le domaine de la création scientifique et le lancement de nouveaux centres dans la recherche scientifique ont été aussi abordés.

A cette occasion, les deux ministres ont passé en revue la gestion du Centre africain des technologies de l'information et de la communication et des technologies avancées (Caticta) afin de donner un nouveau souffle à l'investissement dans le domaine de l'information et de la communication.

Pour que des projets de partenariat soient lancés dans les plus brefs délais, M. Benyounès a indiqué que l'Algérie affiche une grande volonté d'équiper les entreprises de nouvelles technologies pour permettre aux deux pays de passer à un autre stade d'investissement à long terme.

Durant son séjour à Séoul, M. Benyounès a reçu le président de l'association internationale des constructeurs coréens avec lequel il a évoqué la coopération dans le domaine des études et des constructions et de l'expérience des grandes entreprises coréennes exerçant en Algérie.

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L'agriculture urbaine

Publié le par Ghanem Laribi

L'agriculture urbaine

Agriculture urbaine : nouveau rapport ville campagne, nouvelle relation à la nature.

Sont communément admises comme constituantes de l’agriculture urbaine, des pratiques agricoles et des expériences de jardinage, qui s’opèrent au sein des tissus urbains ou dans la proximité immédiate des villes ou conurbations.[1]

Afin de mieux les appréhender, nous allons différencier ces deux constituantes (agriculture et jardinage) car si elles procèdent toutes deux d’un travail de la terre, l’une est l’activité principale d’agriculteurs et l’autre une activité secondaire exercée par des urbains.

s’inscrit dans le rapport de la ville à la campagne –et vice versa- alors que l’autre procède d’une relation du « citadin » à la nature.

L’agriculture urbaine sous-tend une relation entre ville et agriculture, qui ne va pas de soi tant existent des représentations conflictuelles de la ville et de l’agriculture qui s’enracinent dans les âges les plus anciens.

La ville en opposition à l’agriculture.

L’invention de l’agriculture s’effectue vraisemblablement il y a environ 10 000 ans, dans le croissant fertile (Irak, Syrie, Palestine). D'une économie de prédation (vivrière) fondée sur la cueillette, la chasse et la pêche, l’homme va passer à une économie de production (agricole et d'élevage) dans laquelle il agit sur la production de biomasse[2]. Cette transition, communément appelée révolution néolithique, va induire de nombreux changements notamment l’apparition d’excédent de production (et la possibilité pour certains hommes de se consacrer à autre chose que l’approvisionnement en nourriture), la sédentarisation des hommes[3] et la complexification des rapports sociaux.

C’est dans ce contexte que les villes vont progressivement faire leur apparition et se constituer au quatrième millénaire avant l’ère chrétienne[4]. Elles seront caractérisées entre autre, par un rite de fondation[5] et une délimitation spatiale.

En effet les villes ne se génèrent pas d’une simple agglutination d’habitats, mais d’une intention de se regrouper. D’un projet, religieux, social ou politique, d’une volonté de vivre ensemble, qui se fonde et prend corps dans la ville. Ce projet n’est pas simple affaire d’hommes, les dieux y prennent part, car la ville terrestre ne serait pas, si la cité céleste ne cautionnait pas son existence éphémère[6].

La ville se délimite alors de son espace environnant. Des fossés sont creusés, des palissades érigées, des murs ou des murailles construites. Deux mondes clairement distincts se définissent : celui de la cité et de la civilisation, celui de la barbarie et de ….. A Rome, le pomœrium, sillon sacré tracé par Romulus délimitera l’urbs de l’ager.

A la création d’une ville s’opère une extraction territoriale, la définition d’un lieu dans lequel règne un ordre différent à celui environnant. Les lois qui s’appliquent intramuros sont particulières et quiconque les enfreint est mis au ban, perd le droit de cité, et se voit refoulé en ban-lieu. Ainsi dans sa genèse, la ville se différencie et s’oppose à l’espace agricole.

Dualité et interdépendance ville campagne.

Les villes vont être le lieu où s’exercent tous les pouvoirs et le commerce. Pendant de longs siècles elles vont maintenir l’espace de la production agricole au-delà de leurs murs. La ville s’appuyant sur sa campagne pour la nourrir, la campagne trouvant à la ville des débouchés pour ses produits et une garante de sa sécurité. Les campagnes abritent 95% de la population alors que les citadins ne sont que 5%.

La campagne lieu de plaisirs.

Depuis l’antiquité, les campagnes sont des lieux de villégiatures pour les habitants des bourgs - les « bourgeois » - qui y établissent leur Villa en Italie, leur Bastide à Marseille[7] ou leur Djnan dans le Fahs d’Alger. A la fin du XVIème siècle, Diego de Haëdo témoigne à propos d’Alger : Il y a dans ce lieu un grand nombre de vallée peuplée de toutes sortes d’arbres ; leur ombrage uni à la fraicheur des eaux fait de ces lieux un séjour délicieux, embelli par le chant des oiseaux et dont on ne saurait véritablement exprimer le charme. Toutes les après midi, une grande quantité de personnes, hommes et femmes viennent jouir de l’agrément de ces lieux. Au sein de cette verdure, il n’est guère d’habitant, quelque peu aisé qu’il soit, qu’il n’ait bâti une petite maison[8]

Avec l’émergence du paysage comme sujet de peinture, la campagne va s’artialiser[9]. C'est-à-dire que l’on va construire des modèles, des schémas mentaux, nous permettant de l’appréhender (initialement picturaux, puis emprunts aux diverses expressions artistiques). La campagne va s’imposer, comme un lieu de délice[10]pour les citadins où il fait bon déjeuner sur l’herbe. En occident les congés payés et l’apparition des classes sociales moyennes vont démocratiser cet usage récréatif de la campagne.

D’une topologie fermée à une topologie ouverte.

Avec la révolution industrielle au milieu du XIX siècle, le rapport frontal qu’entretenaient la ville et la campagne va se déliter. Les enceintes devenues désuètes tombent, les transports se développent, l’industrialisation se mettant en marche, les villes connaissent de fortes expansions, empiétant anarchiquement sur leurs campagnes et allant chercher bien au-delà de celles-ci leur nécessaire alimentation. Les limites claires qui séparaient la ville de sa campagne vont se brouiller.

La nature en ville.

Parallèlement à cette fragmentation de la limite entre l’urbs et l’ager, la nature sous des formes variées (Parcs, jardins publics, alignements d’arbres le long des boulevards…), va s’introduire en ville sous l’impulsion des hygiénistes puis des urbanistes naissants qui élaborent de nouveaux modèles d’agglomération.

Pour les culturalistes[11] la ville est bien circonscrite à l’intérieur de limites précises. En tant que phénomène culturel, elle doit former un contraste sans ambiguïté avec la nature[12]. La ville est pourvue en son sein de parcs et de jardins. La cité jardin d’Ebeenez Howard, par exemple possède en son centre un espace de 2 hectares environ, consacré à un beau jardin, ainsi qu’un parc public qui couvre 58 hectares, y compris de grands terrains de récréation.[13]

Le modèle progressistes est lui largement ouvert, troué de vide et de verdure […] la verdure offre notamment un cadre pour le temps de loisirs, consacré au jardinage et à la culture systématique du corps[14]. Ce modèle n’a pas de limites et peut croitre indéfiniment. La ville est la nature forment un tout. L’agglomération urbaine est traitée en ville verte. Soleil, espace verdure. Les immeubles sont posés derrière la dentelle d’arbres. Le pacte est signé avec la nature.[15]

Les naturalistes …..

L’Agriculture, un paysage à préserver.

Les villes vont continuer à croitre selon ces différents modèles, empiétant sur un espace agricole, qui n’a comme seul intérêt que sa faible dimension économique au regard de la pression foncière exercée. La limite entre la ville et la campagne va s’épaissir et se flouter, pour former une large frange dans laquelle l’une et l’autre s’interpénètrent. Ni ville, ni campagne, c’est la banlieue et toutes ses plaies, gaspilleuse de terrain, gaspilleuse d’équipement, sans donner entière satisfaction, gaspilleuse de paysage[16]. Un questionnement pour le remodelage de ce territoire va se poser, et peu à peu, les espaces agricoles de ces périphéries urbaines vont apparaitre comme un paysage. L’agriculture n'est plus seulement une simple activité économique dont la seule fonction est de produire des denrées alimentaires, mais aussi une composante spatiale valorisant l'environnement urbain et le cadre de vie des citadins[17]. Un intérêt pour la préservation de ce paysage va se formaliser.

L’agri-urbanisme[18].

Ces espaces agricoles périurbains sont appréhendés comme partie intégrante de la ville diffuse. L’agriculture est ainsi considérée comme la caractéristique territoriale qu’il s’agit de préserver et de renforcer, elle motive et structure les implantations urbaines qui se font sur ces franges.

Par exemple l’agglomération Montréalaise possède en son sein une zone agricole permanente de 2.046 hectares exploités par une dizaine d’agriculteurs dont la plupart pratiquent des cultures biologiques. Cet espace est protégé par un décret du gouvernement du Québec. Le plan d’urbanisme de Montréal prévoit de préserver et mettre en valeur le caractère champêtre et les activités[19] agricoles de ce secteur. Une série d’actions sont entreprises à cet effet. En particulier le développement d’un pôle éco-agro-récréotouristique, notamment par l’établissement de conditions propices à la découverte des paysages champêtres et par le soutien aux initiatives locales de sensibilisation, de mise en valeur et d’interprétation du patrimoine agricole[20] ; l’aménagement d’un parc agricole mitoyen ; mais aussi la planification des secteurs à construire limitrophes de la zone agricole permanente [...] de manière à assurer une cohabitation harmonieuse des exploitations agricoles et des milieux de vie projetés[21].

Mais le maintien d’espaces agricoles, comme partie intégrante d’un territoire périurbain est complexe. Les principales difficultés sont liées à la pression foncière -comment continuer à maintenir sur un espace une activité agricole, qui rapporte peu au regard de la valeur potentielle qu’aurait un tel espace s’il était urbanisé ?- et la pression urbaine – qui induit de nombreuses pollutions-. L’agriurbanisme mobilise des savoirs puisant dans diverses disciplines (agronomie, urbanisme, gestion territoriale, …), des acteurs multiples ayant des intérêts divergents (agriculteurs, urbains, politiques, associations de citoyens...), avec souvent une méthodologie particularisée. Cela passe nécessairement par une bonne gouvernance territoriale, des élus et des administrateurs capables d’écouter et de satisfaire les aspirations de chacun.

Bien que complexe, cette nouvelle pratique d’aménagement territorial, apparait comme permettant un agencement plus intégré et plus durable des territoires, réducteur du clivage entre collectivités rurales et urbaines et capable de contenir l’étalement urbain.[22]

JARDINNER LA VILLE

Le jardinage ………..

Avec la révolution industrielle, de nouvelles formes de jardin sont initiées au XIXème siècle sous formes d’allotement de parcelles concédées aux –nouveaux- ouvriers. Initialement conçus avec un certain paternalisme, ces jardins dits ouvriers avaient pour objectif de fidéliser ces derniers à leur entreprise, de les éloigner des débits des boissons et d’apporter à leur famille un complément nourricier. A la fin du XIXème siècle cette activité nourricière va progressivement se transformer en un loisir bénéfique pour le corps et pour l’esprit, en plein air, permettant d’admirer le Création.[23] Ces jardins vont se généraliser au XXème à travers l’ensemble des pays industrialisés.

Les jardins à l’assaut des friches urbaines

En 1973 une artiste du Lower East Side à New York, va inventer les seed bombs. Ce sont des sachets contenant un mélange d’eau, de terreau et de graines, qui une fois lancés par-dessus les grillages et palissades des friches urbaines vont végétaliser et fleurir celles-ci. Liz Christy, va initier le mouvement des Green Guerillas. Il va revendiquer une friche, à l’angle des avenues de Houston et de Bowery qui sera jardinée. Ainsi est née le Bowery Houston Farm and Gardenet premier jardin communautaire. Cette expérience fera tache d’huile et va se rependre à travers le monde (là où il y a des friches et des artistes !).

Utopies urbaines et nouvelles pratiques sociales.

Les porteurs de ces projets sont souvent animés d’une certaine utopie qui emprunte à une démarche écologique, une volonté de protection de l’environnement, ou le souhait d’avoir une alimentation biologique, de s’approvisionner sur des cycles de distribution courts.

Ces jardins attirent tout aussi bien les classes populaires que moyennes et supérieures qui y trouvent de nouveaux rapports à la nature et de nouvelles formes de lien social. Le jardinage communautaire y est affirmé comme un puissant levier pour transformer l’espace et la vie des quartiers. Ces jardins sont de nouveaux espaces publics supports à de nouvelles pratiques sociales et le jardinage y est vecteur d’éducation et de sociabilité. On y pratique le jardinage seul ou avec d’autres et certains partage leur jardin avec des jardiniers mais n’ayant pas accès un tel espace.

Ces jardins sont le plus souvent gérés par des associations de citoyens en partenariat étroits avec les divers responsables politiques. Il existe aujourd’hui prés de 600 de ces jardins dans la ville de New York. A Montréal ils couvrent une superficie de 26 hectares[24]. En Europe l’Office International du Coin de Terre et des Jardins Familiaux est un groupement de diverses fédérations nationales européennes, revendiquant plus de 3 millions de membres et possédant le statut participatif auprès du Conseil de l'Europe.

Ces jardiniers vont exploiter les moindres espaces de la ville, ils plantent les terrasses des immeubles, les friches temporaires, les trottoirs…

Les jardins des pays émergeants.

Dans les pays en voie de développement, le jardinage sur des délaissés urbains

70 pour cent des ménages urbains des pays en développement participent à des activités agricoles[25]

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Les problématiques sont

1- D’une part la conservation des surfaces agricoles dans le contexte de la métropolisation qui fait suite à la naissance nouveau rapport entre ville et campagne.

2- D’autre part des nouvelles pratiques des citadins en demande de nature.

L’agriculture urbaine connait une importance grandissante. Elle concerne aussi bien les pays pauvres ou en voie de développement que les pays dits « développés ». Son impact est tant agricole, puisqu’il est estimé que près de 15 pour cent des denrées alimentaires mondiales proviennent de l'agriculture urbaine[26], qu’urbain puisqu’imbriquée dans les tissus des conurbations elles en sont une partie intégrante à dimension sociale et politique, économique, environnementale et paysagère.

L’enjeu reste de savoir comment habiter [27] notre espace? Sur quel fondement sur quel modèle

Le jardin planétaire (CLEMENT Gilles) l’islam le Coran Habites ce jardin

Face à son développement et aux enjeux qui lui sont liés, les villes et les mégapoles intègrent aujourd’hui, ces pratiques d’agriculture urbaine dans leur plan de développement ou de gestion.

L'histoire de l'agriculture à la porte de nos villes

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«C’est une baignoire»

Publié le par Zineb A.Maïche

«C’est une baignoire»
Le rocher noir de la Madrague, qui s’est effondré comme un château de cartes, a ému les esprits et fait chavirer les cœurs des citadins. Touchés par le sort réservé à cette crique naturelle, beaucoup de riverains se sont
manifestés, ont donné l’alarme et fustigé à grands coups de tambour.

«Nous voulons que vous, la presse, disiez au secteur des travaux publics que c’est
un massacre. Nous lançons un SOS pour sauver cette crique», s’émeut Nordine Hellel.
Rétrospective Les faits remontent, à ce jour, à plus d’un mois et se situent sur la côte de la Madrague, à l’ouest d’Alger. Des bulldozers étaient calés contre la roche à casser la pierre. Des travaux étaient, visiblement, en cours et consistaient, selon les autorités, à
l’aménagement du littoral ave la construction d’une plage artificielle. L’endroit ciselé naturellement et qui compose avec une houle ravageuse venant de l’est est peu fréquenté si ce ne sont des voyous qui s’adonnent à la prostitution ou consomment de la drogue, profitant de la pénombre qu’offre le site et de l’absence d’affluence, indiquent des techniciens rencontrés sur place. Des rochers, auxquels quelques algues semblent s’agripper comme un bébé à la jupe de sa mère, émergent de l’eau dont le bleu foncé témoigne de la profondeur. Le projet est éloquent mais invite à la question lancinante
sur le respect dû à l’écosystème local. Les quelques techniciens rencontrés sur place prétendent qu’il n’y aura aucun bouleversement et du point de vue social, la plage artificielle est une bonne chose. Les travaux, prévus pour 18 mois et ayant débuté depuis
environ un mois, laissent présager encore beaucoup de rebondissements, vu l’ampleur de la tâche et le peu d’enthousiasme exprimé par les riverains.«Je m’appelle Hellel Nordine, j’habite la Madrague et j’ai vu mes enfant et mes petits-enfants y nager. Je dénonce fermement cette entreprise. Ce n’est pas de l’aménagement mais du saccage, de la destruction, du massacre.» L’homme, la soixantaine, semble avoir renoué avec son entrain d’antan tant la question l’exaspère. «Je suis prêt à rencontrer le directeur des travaux publics ou le ministre des travaux publics pour convenir d’un arrangement et
mettre fin à l’aménagement de cette plage», poursuit, il en rejoignant le site dévasté par les bulldozers.

Absence de communication

De la pierre bleue jonche le sol, la falaise où quelques grottes sont venues se nicher affiche un spectacle esseulé comme un clown dont le maquillage coule. La pierre bleue de la carrière s’est invitée au ballet où le jaune sable, le noir rocheux et le bleu marin composent, sans touche artistique, mais comme une palette broussailleuse et vulgaire. «Il faut des siècles à la mer pour creuser ces petites niches dans la roche et servir de vivier à
la faune environnante. Ils arrivent avec leur massue et détruisent tout», répond M. Trabelsi Abdelkader, venu rejoindre M. Hellel. M. Trabelsi est membre de l’association les amis de la Madrague. Il déplore la précipitation avec laquelle les travaux ont été
engagés et l’absence de communication. «Nous n’avons pas été consultés sur l’aménagement de la plage mais, déjà, lorsqu’il fut question il y a plus d’un an aujourd’hui de détruire la plage existante pour en faire un port, nous leur avons proposé de laisser la plage en l’état et d’occuper plutôt la corniche pour amarrer les bateaux puisque l’eau y est plus profonde», raconte M. Trabelsi. Il précisera, à ce propos, que malgré les recommandations de l’association, la plage a été réduite pour l’aménagement du port et assure que d’ici l’hiver, le port de la Madrague sera ensablé. Les deux sexagénaires, enhardis pas la désolation théâtrale de la corniche, se demandent pourquoi ces travaux n’ont pas été dirigés en faveur de la plage de la Jeunesse sur le versant ouest ou sur la plage de l’îlot sur le versant est. «Cela aurait coûté moins cher et n’aurait pas porté de coups à l’écosystème local», ajoute M. Hellel. De même qu’il aurait été loisible de créer un complexe sportif nautique sur la corniche plutôt que d’avoir à aménager une plage artificielle. «Lorsqu’on observe les schémas que m’ont montrés les techniciens sur place, la plage artificielle va être composée d’une promenade qui sera fermée par un mur d’une hauteur d’environ 4,50 mètres. Derrière ce mur, seront disposées d’énormes pierres. Le but sera d’empêcher la houle du large de venir asperger la plage. Mais si l’on observe bien, on aura à gauche la falaise, à droite le mur de 4,50 mètres de hauteur et en face la mer, mais pas le large, car, en face, cela débouchera sur une mer elle-même fermée par la jetée composée également de grosses pierres. Cela va fonctionner en vase clos sans mouvement marin et aucune perspective de voir évacuer la pollution ambiante ; c’est pour cela que je parle de baignoire. Dans quelques années, je ne donne pas cher que le site sera complètement pollué», indique M. Hellel. Les deux hommes ne trouvent plus de mots pour communiquer. La vitalité, tout à l’heure présente, a laissé place à une sorte de léthargie comateuse. Les bras ballants, le regard fixé sur l’horizon, les deux hommes s’accrochent à quelques anecdotes sur Brigitte Bardot qui aurait rencontré son époux à la Madrague et qui aurait attribué l’appellation à leur maison dans le sud de la France. Dans un dernier soubresaut salvateur, M. Hellel dit : «C’est un appel au secours : Ne détruisez pas la Madrague.».

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Abderrachid Boukerzaza. Ministre délégué chargé de la Ville

Publié le par Zineb A.Maïche

Abderrachid Boukerzaza est
ministre délégué chargé de la Ville.
Fervent défenseur de la culture
dans la ville, le ministre entend
booster son secteur et insuffler une
âme nouvelle à la notion de «cité».


Quelle définition donnez-vous de la ville ?


La définition qui est donnée à la ville diffère
d’un Etat à l’autre. Au Japon, une ville est
constituée de 50 000 habitants quand en France,
on ne parle de ville qu’à partir de 2000 habitants.
L’Etat algérien définit une ville à partir de 20 000
habitants. Ce chiffre est également adopté par les
Nations unies. Dans l’article 3 de la loi du 20 février
2006, une ville est : «Toute agglomération urbaine
ayant une taille de population et disposant de
fonctions administratives, économiques, sociales et
culturelles».

Est-il prévu d’aménager plus d’espaces
verts ?

Nous venons justement d’établir un
projet de loi étudié en Conseil des ministres dont
l’objectif principal consiste à protéger les espaces
verts. Nous définissons et classifions ces espaces
comme ossature du plan de sauvegarde. Mais surtout
nous imposons de nouvelles normes pour les
constructions à venir qu’il s’agisse d’habitations
individuelles ou d’infrastructures à fonction administrative.
Grosso modo, il est stipulé que pour
150 m2 d’habitat, par exemple, il doit apparaître 50
m2 d’espaces verts. Ces chiffres sont erronés mais
l’idée est là. C’est ainsi que pour délivrer un permis
de construire, l’autorité compétente devra vérifier
qu’un espace vert est prévu dans la construction.
Les normes recommandées par les organisations
internationales sont de 20 m2 d’espaces verts par
habitant. En Algérie, nous avons à peine 1 à 2 m2
par habitant. Nous allons inaugurer, avec le wali
d’Alger, le 20 février, la réhabilitation de la forêt
de Baïnem.

Comment comptez-vous impliquer le
citoyen dans la préservation de la ville ?


Qu'il s’agisse des décharges sauvages ou de la préservation
des espaces à l’intérieur des cités, le citoyen
doit se sentir impliqué. Je suis, d’ailleurs, contre les
campagnes sporadiques de nettoyage d’une ville.
Une ville se doit d’être propre, au citoyen la charge
de respecter son environnement et à Netcom de
ramasser les ordures au moment indiqué. Mais il
est apparu important de faire un pas en direction
du citoyen et c’est à ce titre que l’accès à la propriété
a été facilitée. En fait, lorsque le citoyen est propriétaire
de son appartement, il se sent impliqué dans la
préservation de son espace. Lorsqu’il est locataire
et qu’il n’habite qu’un temps dans un endroit, il se
sent moins préoccupé par la préservation de cet
espace. Les grandes villes ont des problèmes liés
aux fuites provenant des canalisations d’eaux
usées.

Cela relève-t-il du fait que l’Etat français
détienne encore les plans et y a-t-il du nouveau
à ce sujet ?

La France détient toujours les plans
des réseaux AEP ou d’assainissement. L’Algérie a
toujours désiré récupérer ses archives. Et, effectivement,
nous avons des déperditions de 20 à 35%
dues aux canalisations détériorées. Il est question
pour le ministère des Ressources en eau de refaire
le réseau AEP dans 40 villes.

Qu’envisagez-vousde faire pour promouvoir la culture dans la
ville ?

Une ville sans fonction culturelle, ce n’est
pas une ville. Notre politique : la réappropriation
de la fonction culturelle de la ville. Tandis que nous
disposons de plans et de programmes, nous manquons
d’instruments de développement durable.
Car il ne faut pas parler de projet de logement qui
ne traite pas de l’aspect culturel mais, surtout, de
projet urbain, c’est-à-dire, comment agencer des
logements avec une bibliothèque, un cinéma, unstade…

Quelle politique comptez-vous adopter
à l’égard des bidonvilles ?

Le président dela République a déjà mis le doigt dessus. Il s’agit
d’absorber l’habitat précaire. Quand on connaît les
conséquences de la disparité dans le même espace
urbain… C’est un générateur de tous les maux et,
selon les spécialistes en sociologie urbaine, ce type
de disparité sous le nez des plus nécessiteux est
générateur de haine sociale puis de violence. Nous
avons dénombré, fin 2005, quelque 540 000 habitations
précaires et il a été décidé, lors du dernier
conseil interministériel, d’octroyer un quota de 70
000 logements annuels aux familles vivant dans ce
type d’habitation. Quelque 9000 habitations précaires
ont été détruites à Alger, mais également à
Constantine, ces trois dernières années. Pour lutter
contre leur réapparition, il a été décidé d’injecter
des projets sur ces assiettes pour qu’elles ne soient
pas réinvesties par des habitations précaires.

Et qu’en est-il de la lutte contre l’occupation illégale
des terres agricoles ?

Les textes sont là. Ilfaut plus de rigueur quant au détournement des
terres agricoles. Cependant, nous avons signé une
convention avec l’Agence spatiale algérienne afin
qu’elle nous livre, tous les six mois, des images satellitaires
afin de lutter contre le détournement de
ces terres. C’est ce qu’on appelle la modernisation
de la gestion de la ville. Cette convention concerne
les villes d’Alger, de Sétif, de Mostaganem, de Ouargla
et de Jijel.

L’Observatoire national de la ville,
qui vient de fêter son premier anniversaire, a-til
entrepris quelque action ?

En fait, son décret d’application est paru dans le Journal officiel du 8
janvier dernier. Nous disposons du financement et
avons décidé d’implanter son siège à Alger. Mais à
l’avenir, il devra en exister un dans chaque ville.

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