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L'agriculture urbaine

Publié le par Ghanem Laribi

L'agriculture urbaine

Agriculture urbaine : nouveau rapport ville campagne, nouvelle relation à la nature.

Sont communément admises comme constituantes de l’agriculture urbaine, des pratiques agricoles et des expériences de jardinage, qui s’opèrent au sein des tissus urbains ou dans la proximité immédiate des villes ou conurbations.[1]

Afin de mieux les appréhender, nous allons différencier ces deux constituantes (agriculture et jardinage) car si elles procèdent toutes deux d’un travail de la terre, l’une est l’activité principale d’agriculteurs et l’autre une activité secondaire exercée par des urbains.

s’inscrit dans le rapport de la ville à la campagne –et vice versa- alors que l’autre procède d’une relation du « citadin » à la nature.

L’agriculture urbaine sous-tend une relation entre ville et agriculture, qui ne va pas de soi tant existent des représentations conflictuelles de la ville et de l’agriculture qui s’enracinent dans les âges les plus anciens.

La ville en opposition à l’agriculture.

L’invention de l’agriculture s’effectue vraisemblablement il y a environ 10 000 ans, dans le croissant fertile (Irak, Syrie, Palestine). D'une économie de prédation (vivrière) fondée sur la cueillette, la chasse et la pêche, l’homme va passer à une économie de production (agricole et d'élevage) dans laquelle il agit sur la production de biomasse[2]. Cette transition, communément appelée révolution néolithique, va induire de nombreux changements notamment l’apparition d’excédent de production (et la possibilité pour certains hommes de se consacrer à autre chose que l’approvisionnement en nourriture), la sédentarisation des hommes[3] et la complexification des rapports sociaux.

C’est dans ce contexte que les villes vont progressivement faire leur apparition et se constituer au quatrième millénaire avant l’ère chrétienne[4]. Elles seront caractérisées entre autre, par un rite de fondation[5] et une délimitation spatiale.

En effet les villes ne se génèrent pas d’une simple agglutination d’habitats, mais d’une intention de se regrouper. D’un projet, religieux, social ou politique, d’une volonté de vivre ensemble, qui se fonde et prend corps dans la ville. Ce projet n’est pas simple affaire d’hommes, les dieux y prennent part, car la ville terrestre ne serait pas, si la cité céleste ne cautionnait pas son existence éphémère[6].

La ville se délimite alors de son espace environnant. Des fossés sont creusés, des palissades érigées, des murs ou des murailles construites. Deux mondes clairement distincts se définissent : celui de la cité et de la civilisation, celui de la barbarie et de ….. A Rome, le pomœrium, sillon sacré tracé par Romulus délimitera l’urbs de l’ager.

A la création d’une ville s’opère une extraction territoriale, la définition d’un lieu dans lequel règne un ordre différent à celui environnant. Les lois qui s’appliquent intramuros sont particulières et quiconque les enfreint est mis au ban, perd le droit de cité, et se voit refoulé en ban-lieu. Ainsi dans sa genèse, la ville se différencie et s’oppose à l’espace agricole.

Dualité et interdépendance ville campagne.

Les villes vont être le lieu où s’exercent tous les pouvoirs et le commerce. Pendant de longs siècles elles vont maintenir l’espace de la production agricole au-delà de leurs murs. La ville s’appuyant sur sa campagne pour la nourrir, la campagne trouvant à la ville des débouchés pour ses produits et une garante de sa sécurité. Les campagnes abritent 95% de la population alors que les citadins ne sont que 5%.

La campagne lieu de plaisirs.

Depuis l’antiquité, les campagnes sont des lieux de villégiatures pour les habitants des bourgs - les « bourgeois » - qui y établissent leur Villa en Italie, leur Bastide à Marseille[7] ou leur Djnan dans le Fahs d’Alger. A la fin du XVIème siècle, Diego de Haëdo témoigne à propos d’Alger : Il y a dans ce lieu un grand nombre de vallée peuplée de toutes sortes d’arbres ; leur ombrage uni à la fraicheur des eaux fait de ces lieux un séjour délicieux, embelli par le chant des oiseaux et dont on ne saurait véritablement exprimer le charme. Toutes les après midi, une grande quantité de personnes, hommes et femmes viennent jouir de l’agrément de ces lieux. Au sein de cette verdure, il n’est guère d’habitant, quelque peu aisé qu’il soit, qu’il n’ait bâti une petite maison[8]

Avec l’émergence du paysage comme sujet de peinture, la campagne va s’artialiser[9]. C'est-à-dire que l’on va construire des modèles, des schémas mentaux, nous permettant de l’appréhender (initialement picturaux, puis emprunts aux diverses expressions artistiques). La campagne va s’imposer, comme un lieu de délice[10]pour les citadins où il fait bon déjeuner sur l’herbe. En occident les congés payés et l’apparition des classes sociales moyennes vont démocratiser cet usage récréatif de la campagne.

D’une topologie fermée à une topologie ouverte.

Avec la révolution industrielle au milieu du XIX siècle, le rapport frontal qu’entretenaient la ville et la campagne va se déliter. Les enceintes devenues désuètes tombent, les transports se développent, l’industrialisation se mettant en marche, les villes connaissent de fortes expansions, empiétant anarchiquement sur leurs campagnes et allant chercher bien au-delà de celles-ci leur nécessaire alimentation. Les limites claires qui séparaient la ville de sa campagne vont se brouiller.

La nature en ville.

Parallèlement à cette fragmentation de la limite entre l’urbs et l’ager, la nature sous des formes variées (Parcs, jardins publics, alignements d’arbres le long des boulevards…), va s’introduire en ville sous l’impulsion des hygiénistes puis des urbanistes naissants qui élaborent de nouveaux modèles d’agglomération.

Pour les culturalistes[11] la ville est bien circonscrite à l’intérieur de limites précises. En tant que phénomène culturel, elle doit former un contraste sans ambiguïté avec la nature[12]. La ville est pourvue en son sein de parcs et de jardins. La cité jardin d’Ebeenez Howard, par exemple possède en son centre un espace de 2 hectares environ, consacré à un beau jardin, ainsi qu’un parc public qui couvre 58 hectares, y compris de grands terrains de récréation.[13]

Le modèle progressistes est lui largement ouvert, troué de vide et de verdure […] la verdure offre notamment un cadre pour le temps de loisirs, consacré au jardinage et à la culture systématique du corps[14]. Ce modèle n’a pas de limites et peut croitre indéfiniment. La ville est la nature forment un tout. L’agglomération urbaine est traitée en ville verte. Soleil, espace verdure. Les immeubles sont posés derrière la dentelle d’arbres. Le pacte est signé avec la nature.[15]

Les naturalistes …..

L’Agriculture, un paysage à préserver.

Les villes vont continuer à croitre selon ces différents modèles, empiétant sur un espace agricole, qui n’a comme seul intérêt que sa faible dimension économique au regard de la pression foncière exercée. La limite entre la ville et la campagne va s’épaissir et se flouter, pour former une large frange dans laquelle l’une et l’autre s’interpénètrent. Ni ville, ni campagne, c’est la banlieue et toutes ses plaies, gaspilleuse de terrain, gaspilleuse d’équipement, sans donner entière satisfaction, gaspilleuse de paysage[16]. Un questionnement pour le remodelage de ce territoire va se poser, et peu à peu, les espaces agricoles de ces périphéries urbaines vont apparaitre comme un paysage. L’agriculture n'est plus seulement une simple activité économique dont la seule fonction est de produire des denrées alimentaires, mais aussi une composante spatiale valorisant l'environnement urbain et le cadre de vie des citadins[17]. Un intérêt pour la préservation de ce paysage va se formaliser.

L’agri-urbanisme[18].

Ces espaces agricoles périurbains sont appréhendés comme partie intégrante de la ville diffuse. L’agriculture est ainsi considérée comme la caractéristique territoriale qu’il s’agit de préserver et de renforcer, elle motive et structure les implantations urbaines qui se font sur ces franges.

Par exemple l’agglomération Montréalaise possède en son sein une zone agricole permanente de 2.046 hectares exploités par une dizaine d’agriculteurs dont la plupart pratiquent des cultures biologiques. Cet espace est protégé par un décret du gouvernement du Québec. Le plan d’urbanisme de Montréal prévoit de préserver et mettre en valeur le caractère champêtre et les activités[19] agricoles de ce secteur. Une série d’actions sont entreprises à cet effet. En particulier le développement d’un pôle éco-agro-récréotouristique, notamment par l’établissement de conditions propices à la découverte des paysages champêtres et par le soutien aux initiatives locales de sensibilisation, de mise en valeur et d’interprétation du patrimoine agricole[20] ; l’aménagement d’un parc agricole mitoyen ; mais aussi la planification des secteurs à construire limitrophes de la zone agricole permanente [...] de manière à assurer une cohabitation harmonieuse des exploitations agricoles et des milieux de vie projetés[21].

Mais le maintien d’espaces agricoles, comme partie intégrante d’un territoire périurbain est complexe. Les principales difficultés sont liées à la pression foncière -comment continuer à maintenir sur un espace une activité agricole, qui rapporte peu au regard de la valeur potentielle qu’aurait un tel espace s’il était urbanisé ?- et la pression urbaine – qui induit de nombreuses pollutions-. L’agriurbanisme mobilise des savoirs puisant dans diverses disciplines (agronomie, urbanisme, gestion territoriale, …), des acteurs multiples ayant des intérêts divergents (agriculteurs, urbains, politiques, associations de citoyens...), avec souvent une méthodologie particularisée. Cela passe nécessairement par une bonne gouvernance territoriale, des élus et des administrateurs capables d’écouter et de satisfaire les aspirations de chacun.

Bien que complexe, cette nouvelle pratique d’aménagement territorial, apparait comme permettant un agencement plus intégré et plus durable des territoires, réducteur du clivage entre collectivités rurales et urbaines et capable de contenir l’étalement urbain.[22]

JARDINNER LA VILLE

Le jardinage ………..

Avec la révolution industrielle, de nouvelles formes de jardin sont initiées au XIXème siècle sous formes d’allotement de parcelles concédées aux –nouveaux- ouvriers. Initialement conçus avec un certain paternalisme, ces jardins dits ouvriers avaient pour objectif de fidéliser ces derniers à leur entreprise, de les éloigner des débits des boissons et d’apporter à leur famille un complément nourricier. A la fin du XIXème siècle cette activité nourricière va progressivement se transformer en un loisir bénéfique pour le corps et pour l’esprit, en plein air, permettant d’admirer le Création.[23] Ces jardins vont se généraliser au XXème à travers l’ensemble des pays industrialisés.

Les jardins à l’assaut des friches urbaines

En 1973 une artiste du Lower East Side à New York, va inventer les seed bombs. Ce sont des sachets contenant un mélange d’eau, de terreau et de graines, qui une fois lancés par-dessus les grillages et palissades des friches urbaines vont végétaliser et fleurir celles-ci. Liz Christy, va initier le mouvement des Green Guerillas. Il va revendiquer une friche, à l’angle des avenues de Houston et de Bowery qui sera jardinée. Ainsi est née le Bowery Houston Farm and Gardenet premier jardin communautaire. Cette expérience fera tache d’huile et va se rependre à travers le monde (là où il y a des friches et des artistes !).

Utopies urbaines et nouvelles pratiques sociales.

Les porteurs de ces projets sont souvent animés d’une certaine utopie qui emprunte à une démarche écologique, une volonté de protection de l’environnement, ou le souhait d’avoir une alimentation biologique, de s’approvisionner sur des cycles de distribution courts.

Ces jardins attirent tout aussi bien les classes populaires que moyennes et supérieures qui y trouvent de nouveaux rapports à la nature et de nouvelles formes de lien social. Le jardinage communautaire y est affirmé comme un puissant levier pour transformer l’espace et la vie des quartiers. Ces jardins sont de nouveaux espaces publics supports à de nouvelles pratiques sociales et le jardinage y est vecteur d’éducation et de sociabilité. On y pratique le jardinage seul ou avec d’autres et certains partage leur jardin avec des jardiniers mais n’ayant pas accès un tel espace.

Ces jardins sont le plus souvent gérés par des associations de citoyens en partenariat étroits avec les divers responsables politiques. Il existe aujourd’hui prés de 600 de ces jardins dans la ville de New York. A Montréal ils couvrent une superficie de 26 hectares[24]. En Europe l’Office International du Coin de Terre et des Jardins Familiaux est un groupement de diverses fédérations nationales européennes, revendiquant plus de 3 millions de membres et possédant le statut participatif auprès du Conseil de l'Europe.

Ces jardiniers vont exploiter les moindres espaces de la ville, ils plantent les terrasses des immeubles, les friches temporaires, les trottoirs…

Les jardins des pays émergeants.

Dans les pays en voie de développement, le jardinage sur des délaissés urbains

70 pour cent des ménages urbains des pays en développement participent à des activités agricoles[25]

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Les problématiques sont

1- D’une part la conservation des surfaces agricoles dans le contexte de la métropolisation qui fait suite à la naissance nouveau rapport entre ville et campagne.

2- D’autre part des nouvelles pratiques des citadins en demande de nature.

L’agriculture urbaine connait une importance grandissante. Elle concerne aussi bien les pays pauvres ou en voie de développement que les pays dits « développés ». Son impact est tant agricole, puisqu’il est estimé que près de 15 pour cent des denrées alimentaires mondiales proviennent de l'agriculture urbaine[26], qu’urbain puisqu’imbriquée dans les tissus des conurbations elles en sont une partie intégrante à dimension sociale et politique, économique, environnementale et paysagère.

L’enjeu reste de savoir comment habiter [27] notre espace? Sur quel fondement sur quel modèle

Le jardin planétaire (CLEMENT Gilles) l’islam le Coran Habites ce jardin

Face à son développement et aux enjeux qui lui sont liés, les villes et les mégapoles intègrent aujourd’hui, ces pratiques d’agriculture urbaine dans leur plan de développement ou de gestion.

L'histoire de l'agriculture à la porte de nos villes

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Alerte, la planète chauffe !

Publié le par Zineb A.Maïche

Le compte à rebours vient de commencer et l’alarme lancée par les nombreux experts du groupe intergouvernemental a provoqué des réactions diverses à travers le monde.

Réuni à Bruxelles depuis presque une semaine,le GIEC a remis son rapport de plus de 1400 pages sur l’évolution du climat pour les prochaines années. L’alerte est sérieuse et les chiffres du réchauffement climatique ont été revus. Il est ainsi préconisé une augmentation de 2 à 4°C par rapport à 1990 pour la période allant jusqu’en 2100.
Initialement, la limite supérieure était de 6°C, mais cela ne change pas grand-chose aux répercussions déjà constatées sur les écosystèmes qui composent la planète. Avant toute chose, l’eau s’amenuisera davantage et deviendra dans beaucoup de régions d’Afrique une denrée quasi inexistante. Cette donnée sera à l’origine de nombreuses famines puisque l’agriculture représente 70% du PIB dans certaines régions. Le rapport fait mention de 50% de diminution des récoltes pour 2020. Dans les régions où l’eau ne sera pas raréfiée, sa qualité aura changé pour se saliniser davantage. C’est du moins le cas
de figure envisagé pour le delta du Nil, ce qui endommagera durablement les terres arables et augmentera le nombre de personnes touchées par la famine. Les pénuries d’eau devraient toucher environ 600 millions de personnes d’ici 2080 principalement
concentrées en Afrique du Nord et en Afrique australe. Selon les chiffres donnés par l’ONU, 300 millions sont exposés à la pénurie aujourd’hui. Le rapport, repris par l’AFP, mentionne également que 12% des grands mammifères du continent africain pourraient disparaître et près de 40 à 50% des plantes endémiques d’Afrique australe sont menacées d’extinction si les températures dépassent les 2°C. Cependant, toutes les grandes nations ne sont pas d’accord avec les chiffres et les pronostics émis par le GIEC. La Chine, l’Arabie Saoudite, la Russie et les Etats-Unis ont contesté des paragraphes du
rapport. Ainsi, la Chine émet quelques réserves quant à la véracité de certains risques annoncés par le groupe pour certains systèmes naturels. De même, les Etats-Unis ont obtenu l’élimination d’un paragraphe qui précisait que l’Amérique du Nord «devrait être confrontée à de graves dommages économiques et à des perturbations substantielles de
son système socio-économique et culturel».

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