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oiseaux migrateurs

Abdelkrim Bouzid. Enseignant-chercheur à l’université de Ouargla

Publié le par Zineb A.Maïche

Vous êtes à l’initiative d’une alerte concernant
le chott de Aïn El Beïda. Quelles sont
donc les menaces que vous avez identifiées
sur le chott ? Avant d’entamer le volet de l’alerte, je
tiens à informer les lecteurs que le chott de Aïn El
Beïda est un écosystème semi-naturel, c’est-à-dire
qu’une partie de ses ressources en eau provient
d’une source naturelle ; autrement dit que la remontée
de la nappe phréatique en période hivernale
alimente ce site ; l’autre part des eaux est issue des
eaux de drainage des palmeraies voisines. Ce chott
est le point le plus bas de Ouargla ; son altitude varie
entre 127 et 131 m. Nos ancêtres ont toujours laissé
ce site à son effet tampon, synonyme d’équilibre
entre les apports en eau pour le chott et les pertes
par voie d’évaporation et d’infiltration. Beaucoup
d’imprécisions sont avancées sur la situation de la
remontée des eaux à Ouargla en rendant ce problème
aux eaux qui s’accumulent à Aïn El Beïda ;
eh bien, c’est faux ; ce problème revient en premier
lieu à la défaillance dans les constructions des réseaux
d’eaux usées et à l’abandon des opérations
de curage des drains principaux et secondaires qui
quadrillent la ville et les palmeraies limitrophes.
Je reviens maintenant sur l’alerte lancée quant au
futur de ce site d’importance internationale (site
Ramsar) et je déclare qu’une grande menace pèse
sur ce site et si les pouvoirs publics n’interviennent
pas à temps, nous risquons un jour de ne voir ce
point que sur la carte. Les travaux d’assainissement,
tels qu’ils sont en cours, mènent à un assèchement
du chott, puisqu’on va toucher à la principale source
en eau du chott, en l’occurrence les eaux de drainage.
Quelles pourraient être les conséquences
sur la faune et la flore ? Ce chott accueille chaque
année des milliers d’oiseaux migrateurs et d’autres
sédentaires ; il y en a même des nicheurs, et les travaux
de recherche menés par notre équipe en sont
témoins. Je rappelle là que les travaux sont toujours
en cours dans un but de caractériser les potentialités
de cet écosystème et d’en préciser les impacts
sur l’environnement. Si les travaux d’assèchement
continuent, nous risquons de voir une catastrophe
écologique qui se traduira par des manifestations
négatives, telles que la disparition d’espèces végétales
existantes, la fuite et l’abandon d’autres espèces.
Déjà, les premières constations négatives sont
présentes, se traduisant par une régression accrue
des effectifs de quelques espèces aviennes, exemple
fait des effectifs de flamants roses, n’atteignant pas
les 1000 individus (à rappeler que durant la même
période, en 2006, nous comptons 6000 individus de
cette espèce) ; pour ce qui est des espèces végétales,
le dessèchement partiel ou total de plages de verdure
qui ornaient le chott autrefois. Avez-vous pris
attache avec les autorités locales ? Les autorités
locales ont toujours été avisées de la situation dans
le chott, que ce soit par le biais de correspondances
écrites ou par des appels au secours. L’optimisme
est toujours présent mais à des degrés moindres.
Mais la réalité, c’est qu’il n’y a pas de geste de bonne
volonté de leur part. Je lance à travers cette interview
un appel aux autorités locales pour qu’elles
associent dans leurs décisions les scientifiques et
les gens du domaine pour que nous n’arrivions pas
un jour à une situation irréversible portant atteinte
aux générations futures et à leurs préoccupations.
Quelles solutions préconisez-vous ? Il y a pas mal
de solutions qui peuvent remédier à cette situation
dont les réinjections des eaux usées, après épuration,
dans le chott ; la seconde solution c’est de laisser le
chott en état tampon, c’est-à-dire laisser les eaux
de drainage au niveau du site et ne pas les charrier
vers d’autres lieux. Avez-vous un message et où
peut-on vous joindre ? Je rappelle aux lecteurs d’El
Watan que je ne suis pas partisan et je n’appartiensà

aucune association, mais je suis un scientifique et
un enseignant voulant apporter du mieux à notre
environnement et à notre pays, que j’espère propre
et écologique. Pour ce qui est des coordonnées, je
suis membre d’un forum sur le net dont l’adresse
est : «oiseauxalgerie@yahoogroupes.fr».

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